Géographies et mobiliers

Tant en France qu’au Québec, Werner Lambersy est sans doute le poète belge actuel le plus connu, le plus coté et le plus publié ; il est également celui qui fait le plus pour la propagation des lettres belges.

À mon sens, Lambersy est avant tout le poète des interstices, car son verbe explore sans cesse l’espace dans lequel son être s’imagine, entre deux pôles qui prennent tour à tour divers visages. Le poème lambersyen naît donc quelque part entre le silence et les mots, entre la mort et le désir, entre la pérennité de la mer et la liberté de l’oiseau, tentant la fragile réconciliation des choses et du vide, comme de l’âme et du corps. Entre « l’être-limite / l’oiseau » et « l’être-imité / la lettre », il s’agit donc d’inventer les traces de « l’âme / comme la part inemployée / du corps / comme un rapport / entre le rien qui crée / et ce qui crie ».

Le poète cherche d’un même mouvement à assumer le poids de la mémoire et à goûter la légèreté de la lumière. À la fois liquide et aérien, Lambersy gratte, dans le ténu et dans l’intime, « par les sous-bois du corps », l’identité de son âme, qu’il cueille aux confluents de son corps et du corps aimé. Cette rencontre privilégiée prend alors place dans le « moment calme / et maîtrisé du mot ». Donnant à celui-ci la légèreté du furtif et la plénitude de l’instant, donc la réalité du vivant, Limbersy travaille la matière sonore prenant lieu et place dans l’espace : « fourreau / des fins de jour / et fourrures de l’air / libre délire / d’hirondelles à recoudre / le ciel », « pluie d’étoiles / contre les tuiles tièdes / du toit », « origine et filigranes de feu / du futur »…

Géographies et mobiliers, en six volets, extirpe des étincelles des lieux et des choses pour jeter dans nos yeux le reflet de leur feu. Cette cartographie du sensible de Werner Lambersy nous offre des repères pour mesurer notre âme et mieux habiter la vie, car elle seule est souveraine, elle seule est divine.
 

Bernard Pozier

 

« dieu
dont il nous faut l’informe
pour jouer

pour être absurde
rire et danser le vide

pour demeurer
moins achevé que les morts

prise en charge
du saut
par le danseur soudain ivre »

 

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Description

Tant en France qu’au Québec, Werner Lambersy est sans doute le poète belge actuel le plus connu, le plus coté et le plus publié ; il est également celui qui fait le plus pour la propagation des lettres belges.

À mon sens, Lambersy est avant tout le poète des interstices, car son verbe explore sans cesse l’espace dans lequel son être s’imagine, entre deux pôles qui prennent tour à tour divers visages. Le poème lambersyen naît donc quelque part entre le silence et les mots, entre la mort et le désir, entre la pérennité de la mer et la liberté de l’oiseau, tentant la fragile réconciliation des choses et du vide, comme de l’âme et du corps. Entre « l’être-limite / l’oiseau » et « l’être-imité / la lettre », il s’agit donc d’inventer les traces de « l’âme / comme la part inemployée / du corps / comme un rapport / entre le rien qui crée / et ce qui crie ».

Le poète cherche d’un même mouvement à assumer le poids de la mémoire et à goûter la légèreté de la lumière. À la fois liquide et aérien, Lambersy gratte, dans le ténu et dans l’intime, « par les sous-bois du corps », l’identité de son âme, qu’il cueille aux confluents de son corps et du corps aimé. Cette rencontre privilégiée prend alors place dans le « moment calme / et maîtrisé du mot ». Donnant à celui-ci la légèreté du furtif et la plénitude de l’instant, donc la réalité du vivant, Limbersy travaille la matière sonore prenant lieu et place dans l’espace : « fourreau / des fins de jour / et fourrures de l’air / libre délire / d’hirondelles à recoudre / le ciel », « pluie d’étoiles / contre les tuiles tièdes / du toit », « origine et filigranes de feu / du futur »…

Géographies et mobiliers, en six volets, extirpe des étincelles des lieux et des choses pour jeter dans nos yeux le reflet de leur feu. Cette cartographie du sensible de Werner Lambersy nous offre des repères pour mesurer notre âme et mieux habiter la vie, car elle seule est souveraine, elle seule est divine.
 

Bernard Pozier

 

« dieu
dont il nous faut l’informe
pour jouer

pour être absurde
rire et danser le vide

pour demeurer
moins achevé que les morts

prise en charge
du saut
par le danseur soudain ivre »