Description
Quelques fois je circule. D’un côté à l’autre de la terre. J’ai six ans.
J’en ai trente-trois. J’ai un ventre presque plat. J’ai le ventre plein de voix.
A veces ruedo. De un lado al otro de la tierra. Tengo seis años.
Tengo treinta y tres. Tengo un vientre casi plano.
Tengo el vientre lleno de voces.
Arrive un enfant et toute la vie d’une femme se transforme radicalement : c’est à partir de ce constat que Gaëlle Le Calvez dessine une sorte de cartographie des commencements. Ses poèmes, courts et denses, aux images vives, relient par la mémoire, grâce à un fil d’Ariane émotionnel, départs et arrivées. Les souvenirs s’assemblent autour de la mère décédée —elle-même émigrante— de la propre famille de la narratrice, ainsi qu’autour de la naissance de sa fille : «Marche tais-toi descends : l’eau inonde les frontières», assure-t-elle.
Les émigrants présentent en miroir des terres d’accueils (Bretagne, Suisse, Mexique); des traversées (Adriatique, Méditerranée, Manche) et des souvenirs émaillant la vie de la narratrice qui, sans cesse, commence et recommence. Où la naissance et la mort se côtoient, par l’émigration, plus consciemment parce que dans le cours perpétuel d’apprentissages nouveaux :
Je suis tous les visages
et en même temps je n’en suis aucun
je recommence comme la mer
je recommence loin de la terre
des menhirs
de mes cuirasses de fer
loin du continent
auquel je dis au revoir