Description
Les Écrits des Forges annoncent la parution de Port brûlé, un recueil de poèmes de la colombienne Andrea Cote, traduit par Ana Cristina Zúñiga
Qu’il prenne l’aspect d’un lieu géographique, une maison par exemple; ou qu’il prenne l’aspect d’un lieu plus aléatoire comme celui qui serait délimité par la mémoire, à travers les souvenirs d’enfance : le poème ne peut qu’être le point focal d’un moment déterminé ayant le pouvoir de soulever les émotions. Et ainsi en est-il des poèmes de Port brûlé : ils sont situés à la jonction entre l’enfance et les souvenirs qu’on en garde.
Cette poésie écrite par Andrea Cote s’adresse à l’autre (au lecteur) selon ce tracé, en exprimant l’observation suivante :
Si tu savais que hors de la maison,
attachée à l’orée du port brisé,
il y a une rivière qui brûle
comme les trottoirs.
Que quand elle touche la terre
c’est comme un désert qui s’écroule
et apporte de l’herbe enflammée
pour qu’elle monte par les murs,
même si tu te donnes à croire
que le mur perturbé par les vignes
c’est un miracle de l’humidité
et non de la cendre de l’eau.
Port brûlé décline la vie au moment présent, et la poète en fait un temps de partage et de réminiscences. Comme lorsqu’on est devant un paysage et que ce « paysage c’est tout ce que tu regardes,/ mais il ne sait pas que tu existes,/ comme ces choses qui ne raconteront rien de toi,/ ni de tes blessures. »
Et finalement, s’il s’agit de prendre à témoin: « Si tu savais que cette rivière court/ et qu’elle est comme nous/ ou comme tout ce qui tard ou tôt/ doit s’affaisser dans la terre. » Il faut aussi prendre note :
Je crains que le silence soit silence hors de la mort,
qu’après le temps nous conservions encore la mémoire.
Je crains de ne pas dormir non plus dans ce rêve éternel
et que jusque là-bas le désespoir des montres nous suive.