Le règne des incendiaires

D’entrée de jeu, il faut souligner la perspicacité du regard, l’acuité des images, l’à-propos des points de vue de la poète, Mireille Cliche, qui signe ici son cinquième recueil de poésie intitulé Le règne des incendiaires. Lucide, la narratrice soutient l’affirmation de son titre dès le premier poème : « Que les timorés s’effacent et que règnent les incendiaires / nous courons vers la lumière à la lueur des explosions ». Elle ajoute :

J’essaie de penser à autre chose
j’adhère à des listes à des groupes à des églises
une chapelle même pourrait suffire à m’abriter un moment

L’humour grinçant de l’auteure, ses sarcasmes (« d’un hiver hargneux qui nous enferre dans sa violence/ et scelle tous les orifices » ou encore « les monastères où les faveurs s’achètent/ comme partout ») pointent vers une mise en lumière des efforts qu’il faudrait faire pour inverser le cours des choses : est-ce la mort qui s’avance, le monde qui s’efface, le temps qui tourne sur lui-même? Il faut peut-être aller jusqu’à la limite pour trouver une réponse, la sienne propre, confie l’auteure :

Il n’y aura jamais que moi dans le miroir
réapprenant à écrire chaque jour la même solitude

Il n’y aura jamais qu’une variation numérotée
des poussières humaines

Ne doutons pas du sérieux des remises en question formulées par Le règne des incendiaires.