Bianca Côté
Autour de « Le ciel est-il une bâche? »
J’ai été portée par le mouvement de la chute, la tombée, l’absence ou non d’amortissement, le vif bonheur de la plongée saisissante, comme une clairière espérée, inspirant soudain la crainte par l’intensité de sa lumière, puis rencontrée en silence. À ces gestes-phares s’ajoutent la solitude et ses échelons, le lien à la nature, constamment à renouveler, l’observation de l’eau, une entité en soi et le si fragile lien à l’autre, friable et mouvant.
Je dirais que c’est sa façon de contourner la chute, de la transpercer, de repriser ses écorchures, de s’ouvrir à elle. Et cette promenade entre le nous, le tu et le je, une trinité tentaculaire. Par intermittence l’errance revêt les traits d’une mendiante, d’un homme éploré, d’une jeune fille frondeuse et digne…
Question de haute voltige! J’aurais envie de répondre par une boutade : Rien n’est essentiel, si ce n’est l’inessentiel. J’aimerais, souhait très humble et naïf sans doute, que ce recueil devienne essentiel pour un lecteur ou une lectrice, en ce sens qu’il ou elle y trouve une correspondance entre son parcours, son être, et ce qu’il perçoit du recueil.
J’oserais dire que c’est le désir de parler de la condition humaine ou plutôt de ma condition d’humaine. J’ai l’intime conviction que cette condition au féminin peut atteindre l’universel ou du moins y prétendre. Après tout, on peut prétendre au ciel sans nécessairement y toucher. Le mouvement des bras suffit. Les paumes ouvertes, tendues sans être suppliantes.
Nous sommes si peu si fort
Avançons à colin-maillard
Presque déçus
De respirer sans vertige
Demain il nous faudra
Couper le bois le corder
Moudre l’amertume pétrir
Dare-dare les absences
Border cette autre vie
Qu’est devenue la nôtre