Jean-Guy Lachance
Autour de « Le bruit des routes »
Il y a d’abord le thème de l’espace et de la route qui est très présent à l’exemple de la littérature nord-américaine, songeons ici aux romans « Sur la route » de Jack Kerouac et de « Volkswagen Blues » de Jacques Poulin.
Quelque chose se joue dans la traversée. Une parole qui est projetée vers l’avant.
Également le thème du mouvement. Nous sommes en mouvement depuis le début de l’humanité (l’exploration, la découverte de nouveaux territoires, l’immigration, l’exil, le progrès et son envers).
Le thème du voyage aussi, l’auto, et l’avion étant omniprésents dans nos vies.
Ce recueil a été écrit lors de la pandémie, où il y avait un arrêt du mouvement, du voyage. Ce recueil est donc né d’un manque, d’un vide, la pandémie nous amenant à une sorte d’immobilisme, ne pouvant circuler que dans un espace circonscrit.L’écriture est devenue alors nécessaire pour m’ouvrir sur le monde par la parole, de créer par le poème un mouvement, un espace. Des mots en guise d’appel à l‘inconnu et à la rencontre avec le lecteur.
Ce livre est essentiel parce qu’il s’est imposé à moi, qu’il est né d’une problématique non résolue dans ma propre vie et aussi dans le monde, la pandémie étant ou ayant été une tragédie historique et nous touchant toutes et tous d’une manière personnelle et intime.
Mes voyages passés, mes souvenirs m’ont inspiré de même que le contexte social.
Les voyages dont nous nous souvenons le plus sont ceux réalisés avec des amis, es et ceux qui ont suscité des rencontres.
Par le poème, j’ai voulu ainsi ouvrir un imaginaire, une possibilité. L’idée d’une pensée qui embrasse la vie et le monde.
J’étais parti pour Grenade
le temps me cerne
essaim de voix
mots suspendus
au halo de la terre
Quel titre à donner à ce recueil ?, un titre non encore créé par un auteur, trice. Je savais qu’il y aurait le mot « route » dans ce titre, mais il me manquait une image marquante. J’ai pensé alors au flux continuel des infos, des images qui nous proviennent des moyens de communication. Il y avait là l’idée d’un bruit de fond à décoder et à décanter. Donc Le bruit des routes.