Marie-Hélène Sarrasin
Autour de « Nos banlieues »
Nos banlieues, c’est nous, qui nous débattons avec le vide. Le recueil aborde notre rapport au préfabriqué, aux lieux que nous habitons, que nous devenons. Je crois qu’il est possible d’aimer la banlieue, tout en portant un regard franc, tendre, mais ironique, sur la fabrication en série de ses maisons et des modes qui les habitent. Je sais de quoi je parle : j’ai moi-même habité la banlieue.
Nos banlieues n’est pas un roman, mais il a une trame narrative. J’aime raconter quelque chose, même en poésie. Les poèmes vous invitent là où l’ennui laboure ses terres, sur fond de vinyle pastel. Visiteurs, vous entrez dans les maisons identiques, pleines de cossins à la chaîne. Ce sont nos tragédies habitables. Bienvenue chez vous.
l’ennui s’installe chez nous
nous lui offrons du thé
nous savons que son territoire
forme une tragédie habitable
OU
dans les centres d’achats
nous promenons nos envies
les gavons d’objets
ordonnés avec soin
sur les étagères
colliers plastiques
horloges détraquées
collection magnifique
nous découpons nos poitrines
y façonnons des vitrines
nous voyageons de par le monde
expositions universelles