Description
L’œuvre de Mongrain est une suite poétique empreinte de subtiles sensations quotidiennes, se mariant à un inventaire minutieux de ce qui entoure un narrateur reclus, qui semble être le poète lui-même.
En proposant d’être celui « qui observe la rue/ sans jamais être vu », le narrateur y acquiert la qualité de voyageur immobile, ainsi que de photographe d’une vie microscopique échappant au plus grand nombre. Enfermé dans le salon de son « trois-pièces encombré », bien assis dans son fauteuil, entre des piles de livres et des documents anciens, entouré de musique et de ce qui pénètre chez lui de la vie du quartier — qu’on perçoit plus qu’on ne la voit décrite —, le poète entame une démarche vers l’intérieur à partir « des allers/ et des retours » qu’il effectue Autour du salon.
Il nous présente son monde sous l’angle d’une série d’oppositions d’où sont tirées nombre d’images qui habitent les poèmes : entre le salon et les autres pièces sommairement décrites du logement; entre les pièces du bas et la chambre du haut; entre l’intérieur familier du logis et les bruits souvent agressants de l’extérieur… Ainsi en va-t-il également entre les souvenirs décrits par le narrateur dans « son labyrinthe/ à déplacements contrôlés » et son corps, qui échappe au contrôle :
qu’importe
la raideur
du corps
dévasté
en ses muscles
le cou
indocile
plie
Et nous voici au cœur du recueil : comment, par l’imagination, l’esprit d’observation et l’inventaire du passé, faire face au présent afin de se réapproprier sa vie ?