Description
D’entrée de jeu, Bannières à ciel ouvert plonge le lecteur dans l’univers particulier de ces frères de détresse : d’abord il y a cet éclopé de l’amour, « il y a le poids d’un jeune homme / en plein centre/ en plein cœur de maison où le rouge émerge », ce jeune homme qui retourne vers lui-même le trop-plein de ses douleurs. Ensuite, il y a ces itinérants qu’on voit dans toutes les grandes villes du monde, ces éclopés de la vie :
« on marche à côté de vagabonds
saignant quelques espoirs dopés
ravalant la boue de leurs douleurs fossilisées
tambourinant aux portes de l’enfer
leurs membres froissés de famines et d’attentes »
Dos à dos, l’auteure les renvoie à la solitude de la vie citadine dans ce monde du début du XXIe siècle où, abandonné à son propre malheur, chacun trouve dans les extrêmes la panacée à ses souffrances.
La troisième partie du recueil joue d’une autre façon sur les oppositions : ici les blessures ont la violence qu’ont parfois les hommes dans l’amour. En déchargeant sur la femme aimée son mal-être et les affres de sa colère, l’homme veut salir, avilir, sans toutefois y parvenir :
« il a voulu créer la soif arrêter les grands rêves
mais elle sectionne la corde trop serrée à ses chevilles
et ses ailes sont des lames »
Peyrouse, en rendant hommage au peintre Chagall, veut lier le rouge et le noir de la vie, souligner à la fois sa beauté et sa violence la plus crue dans des images qui mettent en évidence tous ses contrastes, comme le peintre le fait dans ses représentations picturales.