Description
PRIX PICHÉ DE POÉSIE 2012 DE L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À TROIS-RIVIÈRES
Le Prix Piché de poésie 2012 de l'Université du Québec à Trois-Rivières, qui se veut un hommage au poète Alphonse Piché et un encouragement à la relève, a attiré cette année 61 participations en provenance de toutes les régions. Le prix est décerné à un auteur qui n’a jamais publié de recueil. Les membres du jury étaient : Bernard Pozier, poète et directeur littéraire des Écrits des Forges ; France Mongeau, poète et professeure au Collège Édouard-Montpetit ; et Manon Brunet, professeure titulaire de lettres à l'Université du Québec à Trois-Rivières.
Le jury note encore cette année une importante participation. Le concours a donc toute sa raison d'être même si seulement deux œuvres peuvent être couronnées. Les thématiques de murs, de murailles, de « falaises mutilées » (Pablo), de refuge et de repaire, un ton ouvert à la confession, « J'aimerais faire mes excuses à la vie » (Johny Max), un retour à la rime et à la musicalité, des prises de position par des Oubliés sociaux contre « la géométrie de la vie », dominent. Ainsi, la poésie, lieu de rapprochement et de partage comme le démontre si bien le Festival, est aussi un espace privilégié de manifestations individuelles et collectives.
Cette année, le premier prix, d'une valeur de 2 000 $, a été accordé à Marco Jeoffroy pour Coma symphonique. Une intimité forte qui puise dans le réel pour questionner, nommer ses propres doutes tout en rebondissant sur le monde. Le cosmos, la nature, la ville et le corps de l’autre « hanches comme bouées », sont mesurés au métronome de l’amour. Une musique, singulière, habite et les vers et l’univers, une esthétique rock soutenue où se fusionnent le cri, la plainte et la caresse, le brut et le brutal : « Muselé de force ou par principe/tu pianotes de tes doigts menottés ». Le regard fait chaque fois un tour de trois-cent-soixante degrés : « au fond des puits, nous ne voyons rien/ni pour le monde ni pour grandir/pour ses propres fins, sa propre épée/beautés, sirènes ; célestes, charmeuses/marcheuses, trotteuses ; vos noms inspirent la débandade ». Une lucidité qui cherche la voie de sortie du coma ambiant : « nous errerons dans le ciment pas encore figé des siècles à venir », « le prochain siècle se présente en pièces détachées ». Le poète nous interpelle sans ménagement : « une terreur inédite trashe dans vos entrailles/ […] Nous finirons nos jours dans tes bras argent/agonisants/tel une musique débuzzante en fade out ».
Le deuxième prix, d'une valeur de 500 $, est la mention accordée à Josée Marcotte pour Les mots sont verbe. Ici, une construction mesurée au cordeau, une complexe architecture. Le verbe, moteur de la pensée curieuse et consciente de la force du dire, s'arc-boute aux mots-valises et aux transferts originaux de fonctions grammaticales : « Je poète par la force illocutoire des choses et des murs, j'affirmation gratuite de l'Être. » S'offre à nous un voyage très balisé d'où se dégage la manifestation festive de la sensibilité humaine : « Je t'euphémise trop, je t'appelle aux mains et tu pieds, je marche et cherche l'action sur la route, à force de tu, je te litote tellement. Je m'amuse et m'amenuise de mots. » On songe à Valéry, Georges Pérec, à Réjean Ducharme à André Gervais, à Brice Homs et Daniel Lavoie, emmêlés, réinventés : « Je sons, graves, aigus, perdus. », « Je teste le Monsieur et la Madame Teste, je verbalise une sorte d'angoisse pour nous résoudre ».
Félicitations aux gagnants dont les textes seront entendus au cours du Festival International de la Poésie édition 2012 et publiés dans le livre Poèmes du lendemain édité par les Écrits des Forges.
Le jury du Prix Piché remercie sincèrement tous ceux et celles qui ont contribué avec générosité et enthousiasme au succès du concours 2012.