Description
« à l’heure où le vent se demande où souffler
prendre le ciel entre ses doigts
tuer les fantômes
envahir son quotidien »
Comment retrouver sa vie, se demande le narrateur, après une catastrophe telle une séparation ? Patrick Boulanger explore cette blessure en examinant à fond les possibilités de rédemption. Ainsi, « ouvrir les fenêtres/ sur la belle crasse du temps qui passe » semble un premier pas, essentiel. Mais il faut plus :
« entrer dans ce que je suis
la tempête
prendre le risque du vent
des eaux qui s’effondrent
des délicates tectoniques qui craquent
sous ma gravité
vivre à en mourir derrière mes paupières de serpent »
Si naître et mourir sont l’envers et l’endroit d’une même dynamique, le fantôme, au plan symbolique, représente la trace de ce qui a été. C’est lui qui permet de se projeter d’un état à l’autre, tout en continuant d’être soi-même. Tout en souhaitant, au cours du changement qui s’opère, que l’ancien se décharge et que le nouveau prenne place sur ses cendres. Il s’agit donc de re-naître, sachant que pour atteindre à cette rédemption il faudra « rester debout / marcher malgré cette terre jusqu’aux genoux/ me savoir Babel jusque dans mes vertèbres ». Et, ultimement, « exterminer le corps criblé du déficit d’être ».
Tuer les fantômes a reçu le Prix Livre de l’année Arts Excellence – Culture Mauricie en 2015.