Jean-Noël Pontbriand
Autour de « Laissez passer l’ombre le cheval suivra »
Jean-Noël Pontbriand est à la recherche des mots vivants et de l’existence qu’ils rendent possible quasi depuis toujours, dit-il, même si je ne le savais pas. Tous ses recueils, surtout depuis Éphémérides, sont orientés dans cette direction, tout comme l’était son enseignement. Cela s’est intensifié depuis sa retraite qui lui donne vraiment le temps de vivre en se laissant disparaître lentement. C’est dans cet état que : Laissez passer l’ombre le cheval suivra a été écrit, dans l’incertitude, en suivant les mots au lieu de les guider de l’extérieur.
Le poète est celui qui tente de rejoindre le cœur des choses, du monde et de lui-même, en laissant les mots l’envahir au point de le faire disparaître, pour qu’apparaisse la parole, ce lieu de relations vivantes enracinées dans le silence des origines.
Avant de poser ses pieds sur le sol ébloui
le poète se laisse effacer par le vent
descendre dans les abîmes du vertige à rompre
en poussant la pierre de son corps
entre les ténèbres la lumière devient propice au miracle.
Au fond de la pluie passe un cheval sorti de l’Apocalypse. Il a traversé le livre sans se perdre dans les détours, ni se laisser endormir par les mots vidés de leur substance. Il a affronté les nuits du savoir, écouté les harangues des prophètes, écorché ses sabots sur les chemins de l’exil, parcouru les champs de la mort, accueilli le petit reste qui a conservé vivant en lui le souffle des paroles pour les conduire aux portes de la cité sans nom qui s’élèvera sur les ruines de l’homme au milieu de nulle part.