Description
Traduction de Françoise Roy
Juan José Macías est né à Fresnillo, dans l'état de Zacatecas. Poète, critique littéraire et directeur d'ateliers et d’une revue littéraire, il a gagné le Prix National de Poésie Ramón López Velarde.
Juan José Macías nació en Fresnillo, Zacatecas. Poeta, crítico literario, tallerista y coordinador de revista literaria, ganó el Premio Nacional de Poesía Ramón López Velarde.
« Sur les eaux du fleuve mes
jambes forment un pont. »“ Sobre las aguas del río hacen
puente mis piernas.”
Ce recueil de Juan José Macías pose d’abord, sans jamais le faire ouvertement, la question de qui est qui et quoi dans la réalité, la perception de cette réalité son apparence, sa fréquente transformation selon les perceptions des humains et la nature des choses, son écriture selon les genres littéraires, les interminables dédoublements au creux de nous, au cœur des choses et des événements tant du visible que de l’invisible de chacun et de tout et ce qui se voit ou ne se voit pas selon ce que nous sommes, sommes pas, refusons d’être ou ne pouvons pas être, dans la lumière ou dans la nuit.
Ce recueil de Juan José Macías pose d’abord, sans jamais le faire ouvertement, la question de qu’est l’écriture, le poème, de ce qu’il dit vraiment et de ce qu’il ne dit pas, nous fait dire et des transformations qu’il apporte à la réalité ou à son apparence; ce poète pose donc la question de ce que la poésie ne nous dira jamais, de ce qu’elle décode et encode également au creux de nous et chez les autres sous l’effet du vin, de l’ivresse, de l’amour ou du non-amour, dans la lumière ou dans la nuit.
Puis, dans une première partie, il met en scène le poète Hölderlin et Émilie, c’est-à-dire la poésie et l’amour : « Si Hölderlin vient, s’il vient, la poésie retrouvera son cœur urgent » (p. 37) et fera « du temps et du désir un présent insoutenable. » (p. 39). Alors le poète pourra leur « montrer (son) cœur, habitué comme le vôtre au ciel libre, Émilie. » (p. 43).
« Seule la poésie survit en temps de pénurie. / Seuls les poètes, au temps où il n’y a plus de dieu, osent risquer une phrase. » (p. 53).
Puis plusieurs poèmes sont consacrés aux révélations d’une longue lecture d’Émilie. Comment redonner aux humains mortels « ce que recèlent (les) lèvres » d’Émilie et cet « invincible besoin que définit le désir… » et la nuit ? Comment leur dire que l’âme ne sait de l’utilité et de la perte et « rien non plus des secrets, car le secret est une âme » (p. 61)
Seul le corps sait. Et « il contraint les amants à se faire un à l’autre un lit dans l’oreille, / et à se dire ainsi que leur âme… est en train de mourir. » (p. 61). Comme seul le regard sait découvrir la beauté, l’acte d’aimer et comme seuls « les vêtements légers (des jeunes filles) renseignent sur les vents » (p. 65). C’est toujours le regard qui nous conduit « une nuit sans lune » (p. 71) comme à « la lecture d’un poème d’Hölderlin, / écrit pour Émilie aux alentours de son mariage » (p. 75)
Une deuxième partie est consacrée à l’inaccessible identité de soi, des autres, du monde, de la lumière comme de la nuit, de vérité et du mensonge. Car le poème, même « en son savoir le plus profond » (p. 81) recèle davantage de secrets qui se dissipent lorsque nous les approchons. L’ombre et la transparence logent dans le même nid : « tout l’univers coule sans bouger » (p. 87) note le poète et « la musique est du temps qui déborde » (p. 87).
Trouver son identité s’avère un acte inaccessible car « il n’y a pas de fauteuil sûr pour le cœur » (p. 91), que « tout naît dans le temps qui meurt » (p. 93) et que paradis et enfer ont un horizon commun.
Comment toucher cette identité quand « en nous-mêmes nous nous voyons vivre en l’autre » (p. 99), nous nous et vous mentons comme des gens qui ont trouvé la vérité et qui désirent « rendre plus réel(s) à celle-ci ?
Comment toucher vraiment cette identité de soi, de l’autre, de la lumière et de la nuit quand il y a tant « de tendresse dans le mensonge / à garder caché/ ce que nous ne nous permettons pas de dévoiler » ? (p. 115) Comment dire « ce qui se dérobe à la lumière », cet « invisible (qui) cache le visible » ? (p. 115) Comment dire l’éternité de la rose, cette promesse « fausseté…aussi utile que l’amour » (p. 117) ?
Nous mentons « parce que nous ne pouvons pas oublier – ou parce que nous avons déjà oublié qui nous sommes réellement » (p. 119), parce que nous connaissons l’intime et unique secret de nos corps : la mort, « notre seule vérité » (p. 123).
Car seul « le silence ne ment pas ». (p. 127)
Co-éditeurs:
Mantis editores
Instituto Zacatecano de Cultura