Description
TRADUCTION : Françoise Roy
Le poète est un espace qui se cherche en vue de devenir son espace. « Dans l’éternel, dans la partie occulte », dans ce qu’il écrit, Juan José Macías n’est rien d’autre que le thème qu’il chante, que son propre silence, même lorsqu’il se tient sous la lune qui parvient parfois à élargir l’espace qui le « contient ».
C’est dans cet espace en fait qu’il perçoit ce qui n’existe pas pour en inventer des poèmes-poussières, sorte de regard-désir que nous avons lorsque nous nous regardons revenir. Le poème est le seul chemin qui soit toujours devant même si, parfois, il nous retient d’avancer.
Comme la mort, le poème est le non-possible-retour antérieur. S’y perdre serait-il savoir 2 car, malgré ce non-possible-retour, « il y a lieu d’aller plus loin / vers des lopins de terre où rien n’existe / pas même la possibilité d’y arriver ». Reprenant à son compte et dans sa langue propre le mythe de Sisyphe, Juan José Macías estime « qu’aller plus loin / c’est faire de l’errance son propre cloître / l’abord ultime, le site hospitalier ».
Toujours aller plus loin certes, mais pour y trouver quoi ? Rien. Car il n’y a rien à trouver, car il n’est possible de regarder que l’absence des choses. « Seul le désir échappe à l’épuisement » de cette recherche, de cette quête de soi-même et des autres par soi-même et pour soi-même. Mais il faut aller plus loin car la plus irréductible brièveté espérée est en mesure de contenir un espace infini comme ces fleuves qui « coulent perpétuellement à l’encontre / de l’éternité » mais aussi comme toutes ces eaux et toutes choses en même temps se dissolvent, une fois regardées.
L’homme devrait être un processus d’être plutôt que d’avoir existé. Mais à quoi cela lui servirait-il d’exister comme un infini ? Vaut mieux ce tremblement éternel que nous éprouvons à caresser l’éphémère, « douleur (qui) rend le monde discernable », quand nous en parlons à partir des autres, de ce lieu où il faudrait enfin apprendre à nous écouter parler, à faire éclore des fleurs, à faire s’écrire des poèmes en cherchant le silence; de ce lieu où il faudrait tout commencer à nouveau dans l’émerveillement de la mer, dans ce passage ténu mais incontournable qui se glisse entre le visible et le non-visible, là où se trouvent, sans qu’aucune horloge ne sonne, les morceaux manquants du monde à découvrir.
«nous avons tout inventé
la sécurité, l’incertitudel’esprit d’invention comme preuve
que dieu est réel »
«todo hemos inventado
la seguridad, la incertidumbrela inventiva como prueba
de que dios es real »