Description
Pour Pulado, le monde actuel n'a aucune carence car il n'est rien. Devons-nous nous sentir quelqu'un que lorsqu'on nous interpelle pour nous dire que nous allons rater le bus ? L'homme est l'abîme de lui-même au bord duquel il n'a même plus le vertige ni la nostalgie du vertige. Il est devenu le rien de lui-même dans une vie où rien n'arrive.
Le poète est une chanson non écrite qu'il se chante en suivant le courant car les hommes ne sont plus que les mots auxquels ils doivent survivre. Toutefois, souvenirs et haleine bougent toujours au fond du cour incertain mais inflammable du poète. Il se doit d'avoir l'oreille grande ouverte « à cause du volume si bas de l'allégresse », de la grandeur de l'enfance qu'on rejoue avec tant d'attente mais devant des sièges vides.
Il ne reste que la poussière, les rumeurs, le chant passionné de la ville et ceux, rauques, de la nuit à écouter — du haut d'une passerelle d'où le poète regarde la vie et espère y trouver les yeux de quelqu'un — pour continuer audacieusement à respirer, et retracer, peut-être, les humains que nous sommes et recherchons continuellement dans le brouillard de nous-mêmes. Notre miroir est brisé.
Il n'y a que la grandeur qu'on ne peut mesurer qui rend la lumière humaine, permet d'épier le silence, de mordre la vie et de trouver, peut-être, un poème pour se protéger du même monde et de nous-mêmes.
Mais, conclut-il, « l'espérance est un bruit qu'au loin, quelqu'un entendra. »
«La rumeur de la vie
me fait fléchir l’âme
et je me perds
dans le décolleté
profond de la ville. »
«El rumor de la vida
me flexiona el alma
y me pierdo
en el escote
profundo de la ciudad. »