Description
Une Gauloise enfume le visage de ses seize ans. Elle danse et elle écrit pour hurler son silence. Puis, lasse de répéter la même tristesse, et accusant secrètement l'écriture d'être à la source du mal, elle arrête d'écrire. Cryptés, ces “ écrits de jeunesse ”, mal nécessaire, sont restés semés sur sa route, cailloux de Petit Poucet laissés à celle qui cherchait sans relâche en elle-même une faute qui ne s’y trouvait pas.
Manipulant avec soin ces précieuses traces, elle y a découvert une histoire, celle d’une guerre livrée au berceau, qui, à tout instant, risquait de lui échapper.
« C'est avec d'infinies précautions que j'ai retravaillé et ordonné ces pages. Et j'ai relu, morte de peur. Ce n'était pas tant la crainte de soumettre ces mots à des regards inconnus qui m'a alors figée, mais le grincement de l'air, l'apparence de chute sans fin, le flottement lunaire que j'y trouvais. L'absence de racines. Alors, m'est venue la certitude que j'aurais pu y rester. »
C’est à gruger cette montagne de silence que le travail d’écriture s’est depuis lors acharné, dans une patiente chorégraphie.
« Je cherche la parole de l’âme
celle des mots tissés au fil des gestes »