S’inspirer de la matière

Le poète Michel Létourneau poursuit sa démarche poétique avec un recueil à la fois grave et sobre intitulé S’inspirer de la matière :

La beauté éclaire
Dans un ruisseau
Un temps
Qui aurait pu être le nôtre

Il n’y a rien
Que je fais
Que ne puisse faire un papillon

Le poète y brosse le portrait d’un monde qu’il examine à la loupe. Il l’interroge avec minutie, le questionne sans relâche au moyen de ses observations fines. Il en fait un portrait précis, qu’il cisèle au scalpel à l’aide d’images donnant la sensation que, d’époque en époque, devant la mort comme à la naissance, tout pourrait se jouer autrement, se faire différemment. Or, écrit-il, chacun choisit de poursuivre selon un tracé prédéterminé qui mène à la perte. Pourquoi individuellement, collectivement, ne pas S’inspirer de la matière?J’apprivoise mon anxiété

Les petits contingents
Dans la trappe des heures
La perfusion entre le monde et moi
Qui n’a pas eu lieu

En témoin privilégié, l’homme regarde s’avancer une inévitable fin du monde. Le poète, quant à lui, implore : « Je vous demande/ De renvoyer le ciel à ses débuts »

L’auteur. Né à Québec, Michel Létourneau habite Rivière-du-Loup depuis quelques années. Il est détenteur d’une maîtrise en counseling et orientation scolaire de l’Université Laval. Depuis Les demeures dispersées (1993), Michel Létourneau a publié neuf recueils de poésie. Les Écrits des Forges ont déjà fait paraître Nos vies infranchissables en 2002 et Nous rejoindre en 2016. La part habitée du ciel a été finaliste au Prix de poésie du Gouverneur Général du Canada en 2019.